Nous avons decide de donner la parole a celles ayant ete confrontees a la violence morale ou physique de leur compagnon.
Parce qu’elles ne semblent nullement coupables. Parce qu’elles ont des fois ete confrontees au silence complice de leur entourage. Parce que ces comportements inacceptables doivent etre punis par la loi. A l’occasion de la journee contre les violences faites aux jeunes femmes, 10 femmes nous racontent leurs annees de galere ou De quelle fai§on l’amour vire desfois a la haine. Elles nous expliquent le declic qui les a poussees a fuir, cet « instinct de survie ». Temoignages.
« Quand je tombe sur le nom dans notre telephone, j’ai peur »
Cecile, 40 annees« J’ai passe huit ans avec quelqu’un que j’aimais, mais pour qui je n’etais pas grand chose. A l’exterieur, les individus lui donnent le bon dieu sans confession, mais a domicile, c’est quelqu’un d’insupportable. Cela m’a appatee avec des petites attentions, des poemes et des belles paroles, qui se seront promptement transformees en critiques : j’etais en gali?re habillee, pas assez jolie… Au bout de divers annees, il m’a fait couper des ponts avec ma famille et mes amis et arreter de bosser. “Elle est jalouse de toi”, “il reste nocif ” : il arrivait i chaque fois a me retourner le cerveau. Je ne voyais que par lui et je n’arrivais pas a me dire que c’etait quelqu’un de mauvais. Je pensais alors que la meilleure defense etait de dire “oui” a tout, pour eviter les problemes. Quand j’esperais le quitter, les enfants devenaient un moyen de pression. Le declic qui m’a fera partir ? Lorsqu’il m’a trompee et que je l’ai entendu s’en vanter. “il faut faire un break, c’est temporaire, c’est moi qui vous fais souffrir, je ne te merite jamais.” C’est ce que je lui ai evoque Afin de qu’il s’en aille. J’ai ensuite reclame le divorce, jamais pour faute mais via consentement mutuel : j’ai tout fait afin que les choses ne degenerent pas. Il ne pensait gui?re que j’irai jusqu’au bout, mais il ne faut pas ceder. Aujourd’hui bien, quand je tombe sur le nom sur mon portable, j’ai peur. J’appelle la police di?s qu’il debarque a l’improviste, ainsi, je depose des mains courantes. J’en me sens deja a dix : c’est la seule maniere de me faire entendre. »
« Notre pire est nos mots »
Daphne, 36 ans« Dissimuler les bleus et les bosses etait devenu une preoccupation reguliere. Di?s que cacher n’etait plus possible, il fallait mentir : Afin de votre hematome, je disais que j’avais pris une a, Afin de votre bras casse, c’etait votre tas de buches qui s’etait ecroule. Quand je ne pouvais pas aller, c’etait une gastro. J’etais devenue tres maladroite, souvent malade et personne ne s’en etonnait. Notre pire etait nos mots. compte wamba Leur violence est invisible mais tellement douloureuse ! J’entends encore resonner : im-be-ci-le, bien articule afin que je comprenne. Je gerais seule le quotidien, mais j’etais “incapable” par rapport aux dires du epoux. Cela fallait anticiper ses desirs : une envie de hamburger et le petit plat mitonne partait a la poubelle ! Lorsque j’habite tombee enceinte, mon mari a souhaite faire un test de paternite, “juste Afin de etre sur”. Ses amis ont ri de cette belle blague ADN, j’ai serre des dents. Je pensais naivement que mon gamin ne se rendait compte de rien car des “disputes” se passaient apres le coucher. La derniere a eu lieu apres le huitieme anniversaire. J’en suis sortie avec un ?il au beurre noir, des contusions, une grosse migraine, des bourdonnements d’oreille et une image de maman tres amochee. Notre lendemain, j’ai decide de quitter mon mari apres avoir ete convaincue via SOS Femmes battues qu’il fallait se sauver et que si Mathieu finissait par me tuer, la vie du petit en pourrait etre transformee. J’ai enfin porte plainte et fera constater les blessures, un medecin de l’unite medico-judiciaire les a toutes mesurees. Apres 2 mois, j’ai beneficie d’une mesure de protection et nous avons pu regagner le domicile. Monsieur a demenage, non sans avoir emporte une agreable partie de mes affaires personnelles. On m’a reconnue victime de violence conjugale au penal, meme si lui, ne reconnait qu’une petite gifle. Il va i?tre toujours persuade que je suis partie pour un nouvelle et non avec sa violence. Mon fils a avoue recemment que, petit, il entendait les cris de papa la nuit et qu’il voulait que le matin arrive vite. La procedure de divorce est toujours en file, des ans apres. Le petit et moi sommes toujours suivis par des psys, mais notre vie est plus petite. Pour ses 11 ans, mon fils a demande que nous soyons enfin divorces. Ce est en avril, j’espere ! »
« Une perfusion de poison »
Mohana, 39 ans« J’ai toute premiere fois que je l’ai rencontre, il m’a fait froid dans le dos. Il avait jete son devolu sur moi et cela me mettait mal a l’aise. Je le croisais tous les temps au bricolage mais j’ai garde les distances pendant quatre ans. Puis, apres une deception amoureuse, nous avons commence a discuter. J’etais petit, quelqu’un s’interessait a moi, il m’a nombre fait parler. Je me suis ensuite apercue qu’il avait utilise ce que je lui avais confie. C’est tel s’il avait enfile un masque et calque le personnage via votre que je lui avais decrit du mari ideal. Avec votre homme, nous sommes restes ensemble six ans. Six ans de violence psychologique. C’est tres insidieux, je compare ca a une perfusion de poison administre en permanence. Au depart, c’est juste de l’humour glacial. Puis, des reflexions assassines, des SMS jour et nuit et la sensation d’etre constamment jugee et epiee. J’en parlais a faire mes copains mais je passais pour la raleuse : “T’exageres, Cela reste sympa”. Puis, on voit eu les insultes, un travail de sape, d’humiliation, Sans compter que qui plus est violent au fil des mois et des annees. Jusqu’a ces mots : “j’ai envie que tu creves”. Je venais de perdre mon pere et j’allais accoucher de mon deuxieme enfant : ca a ete le declic. Un instinct de survie. Deux semaines apres, j’ai quitte mon travail, la maison, Paris, et j’suis partie avec mes deux bambins a Toulouse. Il n’y a que la distance qui permet de bouger la tete de l’eau. J’avais porte plainte, mon dossier est tellement gros que je le trimballais dans un sac de voyage, mais il y en avait pour 3 a 7 annees de lutte judiciaire acharnee et j’ai decide d’abandonner. J’me suis dit que ca allait etre l’horreur pour les enfants et que je preferais les elever dans la musique et la bonne humeur. J’ai repris des etudes : avoir mon bac a 37 ans, ca m’a aidee a reprendre confiance en moi. Je ne suis pas la debile pour qui il me faisait passer. »
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